LE COURRIER : Monologue mouillé
Le texte va vite, presque trop vite pour en savourer toutes les subtiles raisonnances, les subites résonnances, les subaquatiques échos. On aimerait avoir les mots ocuchés sur papier, prisonniers, pour mieux jouir de leurs facettes, longtemps après. Le texte de Jacques Rebotier est à la fois un chant, un poème et une déclaration d’anémosité aux non-sens de notre langue. Il s’écoute, s’égoutte, se goûte aux lèvres expertes de comédiens savoureux : Bernard Ménez et Martine Schambacher. Il faut avoir un talent ofu pour « tenir » une heure entière, à barboter dans une baignoire en déclamant ces textes tranchés. Ils n’en manquaient point, le public à beaucoup ri et longtemps applaudi.
S.P
(3/12/1994)
« Le rideau de douche se lève. X est là, joli costume zéro pièce, dans son bain de mots, depuis un certain temps sans doute (mais lequel?)
Il pense tout aut, parle tout bas : aux robinets, à ses pieds, à son absence de miroir. La baignoire a parfois d’imprévisibles débordements. Pensées liquides, paroles flottantes. Elles sortent du silence, y reoturnent. Elles s’étranglent avec ce bruit étranger d’un lavabo qui se débonde.
Tout coule
Tout roule.
Tout s’écroule.
Nos pensées sont à liquider. » Jacques Rebotier